Les mobilisations sociales de 1995 et 2003 avaient ete stigmatisees sans vergogne par bon nombre de medias au nom de l’urgence des contre-reformes.

Les mobilisations sociales de 1995 et 2003 avaient ete stigmatisees sans vergogne par bon nombre de medias au nom de l’urgence des contre-reformes.

Notre campagne referendaire pour le referendum concernant le Traite constitutionnel europeen avait ete l’occasion d’un dechainement mediatique en faveur du « oui ». Le mouvement social contre le CPE parai®t Realiser l’objet d’un traitement plus equilibre : nos « anti-CPE » ont largement la parole et les responsables syndicaux sont invites a s’exprimer.

Mais derriere cette facade immaculee se cache le ch?ur des editorialistes et chroniqueurs qui entonnent un air prefere : notre destin, c’est la « reforme », ainsi, lui resister pourrait etre tragique. Pour persuader leur public, ils agitent 1 chiffre indiscutable. Indiscutable, en general, mais aussi partiel et trompeur [1] .

Le refrain mediatique : votre jeune sur quatre au chomage en France

Comme tous le sait, ce seront les depeches de l’AFP qui informent d’abord les journalistes qui nous informent. Petit echantillon des chiffres enfile en circulation avec l’Agence dans la version tronquee dont on verra plus loin qu’elle n’est nullement la seule mais que bon nombre de journalistes se paraissent empresses de diffuser [2]

Dans une depeche datee du 25 mars – intitulee « Mes travailleurs pauvres : une precarite qui effraie les Francais » – on va pouvoir lire :

« Notre taux de chomage en France des moins de 25 annees qui atteint 23 % est un des plus eleves en Europe. »

– ou bien, dans une depeche datee du 31 mars – intitulee “Apres une baisse moderee en fevrier, quel avenir pour le chomage en France ?” – l’AFP se bornait a indiquer : « Au coeur d’la politique de l’emploi de pallier ministre, avec le CPE, le chomage des moins de 25 ans reste particulierement eleve, s’elevant a 22,2 % en fevrier. »

C’est donc votre information statistique objective et indiscutable que les medias dominants assenent au fil des mobilisations Afin de demontrer que, malgre sa contestation du CPE et la gestion d’la pi?te via Dominique de Villepin, on voit 1 gros probleme specifiquement francais de chomage des jeunes.

Des janvier, individu (17 janvier) joue le role de journal de qualite et prepare les esprits : « Lorsque l’on a un taux de chomage des jeunes de 15 a 24 ans de 22 % (contre 15,1 % en Allemagne et 12,1 % au Royaume-Uni). ».

Le 1er fevrier, Bernard Revel, en fin connaisseur d’une societe francaise, utilise ce chiffre magique pour convaincre les lecteurs de L’Independant du Midi des vertus du CPE : « concernant les 23 % de jeunes de moins de 26 ans actuellement au chomage, mieux coi»te sans doute un CPE que pas grand chose du tout. »

Notre 7 fevrier, Herve Chabaud, dans L’Union, brandit le chiffre magique pour annoncer l’apocalypse que nous promet le refus de la “reforme” : « claque d’avoir pres d’un petit dans quatre au chomage ne prefigure-t-il jamais le niveau general des sans-emploi demain si rien n’est fera afin d’offrir d’autres possibilites d’avoir du travail ? »

Toujours en fevrier, on pouvait lire dans le onenightfriend match visuel de l’emission « Ripostes » intitulee « Jeunes : Attention, planete precaire » (derniere diffusion le dimanche 5 fevrier 2006), cette trouvaille destinee a donnner sa dimension vraiment dramatique (et sensationnelle) au en gali?re qui frappe la jeunesse francaise : « Precarite de l’emploi : pres d’un quart des moins de 26 ans pointent a l’ANPE ».

A l’ANPE, vraiment ? Prendre le chomage et la precarite au serieux, votre n’est jamais des transformer en farce et inviter a imaginer que dans les files d’attentes de l’ANPE se melent de jeunes adultes et des adolescents en quete d’emploi (aussi di?s qu’ils seront scolarises ?). et – pourquoi pas ? – des bambins au regard perdu, quelquefois trop petits afin que leurs charmantes tetes blondes puissent seulement atteindre le bord du guichet.

En mars, les ondes vont repetant “le” chiffre. Ainsi, dans RTL, le 7 mars, Jean-Yves Hollinger declare : « Au depart, Il existe 1 constat que personne ne conteste. Le chomage des jeunes en France est bon nombre trop eleve, c’est l’un des plus eleves d’Europe . Meme l’opposition reste d’accord. » Le 20 mars il donne a cette affirmation, dans le “Journal economique”, l’habillage savant qui convient pour repeter encore et encore “le” chiffre :

« J’ai chambre de commerce de Paris vient de publier une etude comparative tres instructive. Au monde, la moitie des chomeurs a moins de 25 annees. Si vous prenez les grands pays industrialises, partout le chomage des jeunes reste deux fois plus eleve, au minimum, que le chomage general. Aux Etats-Unis, 5% de chomeurs, 10% chez nos jeunes. En Espagne 8,5%, 18%. En Grande Bretagne, c’est pire, 5% de chomage, 14%, trois fois plus, pour les jeunes Britanniques. Et en France, comme nous avons l’un des chomages le plus eleve, celui des jeunes, lui aussi, est l’un des plus eleves, 23%. »

J’ai presse ecrite, de le cote, intensifie le boulot de « mise en perspective » .

Paris Match, le 9 mars, sous la plume d’Axel de Tarle : « Non au C.p.e. ? Alors oui au chomage des jeunes ! Taux de chomage des jeunes : 25% . Mais, surtout, ne que dalle Realiser ! »